Ces objets appelés maisons
De 2004 à 2010, le français Raymond Depardon a sillonné la France dans sa
camionnette pour en photographier les petites villes. La France des
sous-préfectures qu’il connut dans son enfance, nous dit-il.
En sont nées une exposition et la publication d’un gros ouvrage La France de
Raymond Depardon. Je me suis tout de suite senti une parenté avec ce travail. J’y
avais seulement ajouté une certaine sophistication formelle héritée des Becher.
Le regard de Raymond Depardon sur l’architecture de nos cités est foncièrement
égalitaire. Pauvre ou riche, ancienne ou moderne, jolie ou quelconque, toute
demeure mérite à ses yeux (et aux miens) cette forme d’hommage que constitue
l’acte photographique.
On peut s’étonner ou même condamner cette suspension du jugement esthétique ou politique que
constitue cette complaisance à l’égard de sujets hautement
significatifs des structures sociales sous-jacentes. Mais on peut un instant
s’autoriser cette mise entre parenthèses, pour considérer ces maisons comme de simples objets,
et porter sur elles ce regard bienveillant et parfois émerveillé, que
nous ont appris les Becher, Stephen Shore et Raymond Depardon.